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L'enseignement du breton aux adultes concerne aujourd'hui plus de 5000 apprenants en Bretagne. La majorité de ceux-ci suit des cours hebdomadaires, 3200 inscrits. Plus de 500 personnes ont suivi un stage d'une semaine et 900 un stage d'une journée ou week-end. Les formations intensives de 6 à 9 mois concernent 380 personnes (dont une majorité sont des demandeurs d'emploi) dont le coût pédagogique est pris en charge par la Région Bretagne.
Le domaine de l'enseignement du breton aux adultes représente également un poids important en termes d'emploi puisqu'on compte près de 100 postes de travail pour un équivalent de 70 temps pleins. Les formateurs professionnels sont au nombre de 80 pour 60 ETP.
Nous portons le projet de développement de l'enseignement de la langue bretonne aux adultes, exposé dans le document « Vers une société bilingue à la fin du XXIème siècle »paru en 2017. avec un objectif d'ici à 15 ans de former annuellement 5000 locuteurs adultes, un défi qui est certes ambitieux mais incontournable dans une perspective de redonner à notre langue sa place dans la société bretonne.
Dans sa classification, l’UNESCO considère qu’une langue est en danger de disparition lorsque moins de 30% d’une tranche d’âge ne connaît pas cette langue.
Dans le domaine de la formation des adultes aux bretons, nous estimons qu’il est important de fixer un objectif en termes de nouveaux locuteurs adultes formés à une échéance de 15 ans.
Pendant des décennies, l’image du breton a subi les effets d’une politique de dénigrement auprès de la population bretonne. La pratique de la langue, sa transmission ont été combattues par les différentes républiques. Les Bretons ont, aujourd’hui, une image positive de cette langue mais ils ne sont pas assez nombreux à la pratiquer ou à l’apprendre pour en assurer la sauvegarde.
La Région et l’État doivent, en termes d’image, réparer les dégâts causés par la politique glottophobe de l’État central pendant plus d’un siècle, en créant un mouvement d’adhésion massif et profond à la présence, à l’usage et à l’apprentissage du breton dans la société bretonne.
Nous demandons à la Région Bretagne qu’elle prenne l’initiative de développer des campagnes de promotion de la langue et de promotion d’un projet de société bilingue. Il est essentiel de donner une perspective positive sur l’avenir du breton, sur l’intérêt de son usage dans la vie de tous les jours (à moyen terme). Pour ce faire les outils de communication les plus efficaces et les plus actuels doivent être mobilisés comme les médias audio-visuels et les NTIC.
Il faut aussi renforcer les campagnes d’incitation à l’apprentissage, l’utilisation de la langue et sa transmission.
Nous souhaitons que des objectifs ambitieux soient définis en termes de formation du nombre d’adultes.
Au vu de la situation difficile dans laquelle se trouve la langue, il faut un investissement massif de la part de la Région dans l’enseignement, scolaire comme aux adultes. Un effort financier important doit être consenti sur les 50 prochaines années pour revitaliser la langue.
La Région Bretagne consacre environ 2€ par habitant pour la langue bretonne, quand la collectivité corse dépense 7,5€ par habitant pour la langue corse et qu'en Catalogne l'effort est de 21€.
Le budget de la langue bretonne a été augmenté il y a une dizaine d'années. Ce budget ne correspond plus aujourd'hui à ce qui doit être fait pour restaurer la place de la langue dans la société, et donc d'atteindre
l'objectif de 30 % de locuteurs au sein de la population.
Aujourd'hui, faute d'un véritable plan d'urgence impliquant bien sûr la Région mais aussi l'ensemble des collectivités territoriales et l’État, nous actons la disparition de la langue bretonne comme langue de communication. Il faut donc en finir avec la politique de soins palliatifs actuelle et enclencher une réelle politique de sauvetage et de développement de notre langue.
Ainsi, la Région Bretagne doit affirmer le droit pour toute Bretonne et tout Breton d’acquérir une maîtrise totale de la langue bretonne. La Région doit mettre en place avec l’État, le cadre et les conditions qui permettent à chaque Bretonne et Breton d’apprendre la langue à l’âge adulte de façon intensive dans le cadre de la formation « tout au long de la vie ».
tendre vers la généralisation d'une pratique « labellisée » qui s'appuie d’ores et déjà en particulier sur l'application des principes d'une Charte, la professionnalisation des formateurs, l'utilisation du port-folio européen des langues, etc ...
être pro-actif – en collaboration/coopération avec les interlocuteurs ad hoc – dans la définition d'un cadre de référence linguistique s'appuyant sur les résultats de la recherche existante en la matière pour assurer un maillage territorial équilibré.
s'organiser par territoire pour être en capacité d'apporter aux associations de proximité dispensant des cours hebdomadaires sur une base bénévole, des réponses à leurs contraintes de fonctionnement (professionnalisation, mutualisation d'outils, …).
une gouvernance renouvelée et adaptée aux objectifs pour poser un cadre de décision et de co-construction partagé et légitime.
des groupes de travail/commissions associant des membres de DAO mais également et autant que de besoin, des partenaires extérieurs concernés par le projet. On note que c'est à travers ce travail collaboratif que se concrétise notamment la notion de filière par croisement des approches des « producteurs de formation », des « commanditaires », des partenaires, utilisateurs.
la stabilisation du poste de direction actuellement en place.
la création d'un poste de responsable pédagogique.
Cet axe stratégique est fondamental et indispensable pour la mise en œuvre générale de la stratégie du fait que :
Nous avons donc mis en place une formation diplômante positionnée comme une option du Diplôme de Formateur professionnel d'adultes, option à la licence professionnelle FCIS (Formateur Conseil Indépendant ou Salarié) proposée par l'université de Rennes II. Il s'agit de référencer un métier de formateur d'adultes en Breton.
L'enseignement s'appuie sur la mobilisation de 2 compétences croisées :
La durée de cette formation est de 9 mois, pour des personnes ayant déjà acquis la compétence en langue bretonne de niveau B2 au minimum.
Pour répondre aux besoins nécessaires à la formation de 5000 locuteurs par an d'ici 15 ans l'objectif est de disposer de 400 enseignants au bout de 15 ans :
Le coût de cette formation des formateurs est estimé à 4300€/stagiaire en année 15 (3750€ en année initiale). Le financement de ce coût/stagiaire sera à construire quasiment au cas par cas mais dans un cadre négocié entre la Région, L’État, les OPCA (pour des stagiaires en formation continue, CIF,…).
Les dispositifs Skoazell et Desk pourront être étendus afin d’attirer vers le métier de formateur en langue bretonne aux adultes. Avec les mêmes règles de financement que pour Skoazell et Desk Kelenn et Bugaligoù et en finançant l’ensemble des futurs formateurs, l’effort financier de la Région serait de 235.000€ en année 15 et de 3,3 millions € sur les 15 années.
L'axe de formation privilégié dans le cadre de cette stratégie par le réseau DAO est celui des formations intensives longues.
Ces formations, sont d’ores et déjà assurées par les structures membres de DAO. Elles visent à une appropriation de la langue bretonne comme outil de communication tant à l'oral qu'à l'écrit.
La formation est basée sur un enseignement de 1200 h réparties sur 9 mois.
Ainsi sur l'objectif de formation de 5000 locuteurs/an d'ici 15 ans, 4500 seraient issus de ces formations.
La montée en charge du nombre d'apprenants sur 15 ans pour aboutir à 4500 locuteurs, implique :
Même si le nombre de locuteurs formés annuellement reste apparemment faible sur la 15ème année (500), il est important de noter que si 500 apprenants sont pris en charge en cycle 4, cette formation implique la présence de plus de 2200 apprenants sur les 4 cycles.
En complément d'une offre de formations intensives longues, le réseau DAO entend également s'appuyer sur les formules « Pevarlamm » (au galop). Ces cursus sont une alternative pour les personnes ne pouvant accéder aux formations intensives.
Ces formations, sont d’ores et déjà assurées par les structures membres de DAO dans un cadre professionnel.
La formation est basée sur un enseignement de 3 h hebdomadaires, 5 journées de stage et un stage d’une semaine, soit 160 heures annuelles, sur 4 cycles annuels.
Asseoir une part de la stratégie sur cette formation permet au réseau DAO de disposer d'une offre plus diversifiée correspondant à des attentes spécifiques et/ou des capacités de mobilisation d'apprenants particulières.
Enfin, moins contraignante en ingénierie de formation, elle permet d'intégrer dans la dynamique de la stratégie un panel plus large de membres du réseau DAO, assurant, par là-même une couverture territoriale plus complète.
Ainsi sur l'objectif de formation de 5000 locuteurs/an d'ici 15 ans, 500 serait issus de ces formations.
La montée en charge du nombre d'apprenants sur 15 ans pour aboutir à 500 locuteurs, implique un coût estimé à prés de 3,6 millions d'Euros en année 15 pour 2240 stagiaires en cours de formation sur les 4 cycles.
Le coût sera à répartir entre « prise en charge » par l'apprenant, participation des collectivités territoriales, État,…
La participation du Conseil Régional de Bretagne pourrait par exemple être de 100€ par apprenant et par an à l’image de ce qui est prévu par le département du Finistère.
Dans ce cas le coût pour la collectivité Régionale serait d’environ 255000€ en année 15 pour un total de 1,8 million sur les 15 années.
Nous n'abordons ici que le développement des formations intensives et du dispositif Pevarlamm, mais il est évident pour nous que les cours hebdomadaires et stages doivent se maintenir et se développer également. C'est dans ces lieux d'apprentissage que de nombreux bretonnants font leurs premiers pas et ils restent des maillons essentiels de la filière sur l'ensemble du territoire.